Auteur: Danièle Covelo
Saudade,
c’est un bracelet de baptême, en or. Un
bracelet d’enfant avec une petite médaille gravée. Un bracelet que l’on aurait placé au poignet
d’un enfant tout vêtu de blanc – d’une longue robe blanche, brodée, couverte de
dentelle. Une dentelle délicate et
fragile comme ce nourrisson que l’on porte aux bras vers une petite chapelle de
pierre sur le flanc d’une colline aux arbres penchés. Une procession d’oncles et de tantes, de
cousins et de cousines et de voisins même serpente sur les chemins caillouteux,
un dimanche en mi-journée, sous le soleil écrasant du Midi et le chant
incessant des cigales. Sous le regard
aussi de silhouettes noires à la porte de maisons en crépi rose dont les
petites fenêtres sont le seul rempart contre la chaleur accablante. Une chaleur qui a dessiné ce monde de calcaire
et de maquis où l’ombre est une denrée rare et où l’on ne peut que s’incliner,
comme les arbres, et attendre que le vent ou le soleil passe. À l’ombre d’une terrasse, on laisse passer
le temps, insouciant, un petit bracelet en or dans la main. Loin de ce pays, loin des fêtes et des
déjeuners interminables, loin, très loin, je fais glisser ce bracelet entre mes
doigts et je retrouve un instant dans son éclat la lumière ensorcelante du Midi
et le rythme paisible de l’insouciance.
* * *