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Terre promise :

Auteur: Gerry Annand

Etudiant, Français

En juillet 2007, je suis allée en Tunisie pour gravir le Mt. Kilimandjaro. Physiquement, l'ascension était assez difficile. Il faisait de plus en plus froid chaque jour et l'oxygène se faisait rare. Après cinq jours d’escalade, j’étais bien contente de me trouver sur « le toit de l'Afrique » au moment où le soleil s'est levé glorieusement sur le Seringat.     Je n'oublierai jamais ce moment auquel j'avais consacré beaucoup de temps, d'argent et d'énergie. J'avais enfin atteint mon but : « ma terre promise » du moment. Cependant, pour y arriver, il a fallu l'aide des Africains locaux,  trois guides et  vingt-quatre porteurs, qui, me semble-t-il, forment une véritable armée au service de seulement six aventuriers Canadiens! Nous étions traités comme des rois. Ils portaient tout, soit 20 kilos chacun sur la tête la plupart du temps. Il y avait notre équipement, des tonnes de nourriture fraîche (pas question de nourriture en boîte) et même une table et des chaises de jardin! Ils s’occupaient de tout : établissaient le camp chaque soir, préparaient tous les repas servis à table avec une nappe et des bougies, et nous apportaient même de l'eau chaude avant chaque repas pour nous laver. Ils agissaient avec un comportement soumis, comme s’il était tout à fait normal pour les Africains de servir les « Blancs ».   Les guides ont refusé de manger avec nous quoique nous ayons insisté plusieurs fois.  Cette servitude me troublait beaucoup. Je m’étais préparée pour les défis physiques, mais pas pour les défis psychologiques. Je n'aimais pas du tout de me sentir comme un de ces « colons britanniques »! (Je préférais le voyage avec un simple sac à dos) à la mode canadienne où les guides sont au même niveau social que leurs « clients »). Pourtant, nos guides nous ont parlé. En particulier, ils aimaient nous questionner sur le Canada qui représentait pour eux la Terre promise où l’on peut entrer dans la modernité et mener une vie aisée pleine de conforts et de divertissements incroyables.  Le désir de déménager au Canada, on le rencontrait partout où nous avons voyagé en Afrique. Même notre guide de safari, Kenneth, qui avait des perspectives d’avancement dans l'industrie du tourisme à Nairobi, nous a demandé si nous pouvions l'aider à venir au Canada. En même temps, il était très fier de ses racines maasai et a fait le choix de vivre encore à mi-temps dans son village d'enfance où le mode de vie n’a pas changé. Pour nous faire plaisir, il nous a menés dans un village maasai typique. J’ai été vraiment surprise! Ils vivaient encore dans des huttes de terre sans électricité ni meubles. Les bâtisses encerclaient l'espace pour leurs bœufs autour desquels leurs vies tournaient. Les mouches noires étaient partout. On pouvait malgré tout sentir les liens forts de la communauté. J'ai dit à Kenneth qu'il risquerait de perdre ce trésor intangible s'il partait. « Je prends le risque » a-t-il répondu en haussant les épaules. Le désir pour la vie dorée l'animait. Il voulait posséder la terre promise à tout prix, goûter le lait et le miel.

                                               

des femmes massai nous souhaitent la bienvenue en chanson