Auteur: Motria Spolsky

Diaspora : Nous habitons actuellement un petit monde. Presque tout est accessible, même le coin du monde le plus éloigné. Nous partons en voyage en sachant que le retour est souhaitable, possible et très probable. Mais nous partons aussi très souvent à la recherche d’un autre « chez-soi. » Nous sommes conscients de l’existence d’autres endroits, plus cosmopolites ou plus simples, plus capitalistes ou plus socialistes, plus chauds ou plus froids. Il est possible de choisir pour peu de raisons de se déplacer à un nouvel endroit. Mais il arrive aussi que les gens se déplacent à cause de la nécessité.

Peu importe la raison, les déplacements provoquent un grand mouvement à travers le monde. En se dispersant dans tous les coins du globe, les gens ne se perdent pas ; ils se regroupent. Dix mille Somaliens par-ci, vingt mille Ukrainiens par-là. Les nationalités se regroupent et forment des communautés – des diasporas.

Selon le Petit Robert, le mot diaspora a apparu en 1909 et signifiait la « dispersion à travers le monde antique des juifs exilés de leur pays. » En 1949, le mot a étendu sa signification pour inclure la « dispersion (d’une communauté) à travers le monde ; ensemble des membres dispersés. » Au départ, quand nous partons vivre loin de notre lieu d’origine, tout est étrange. Par conséquent, nous cherchons des gens qui connaissent notre langue, nos traditions. Cette recherche est la première chose que nous faisons à l’arrivée dans un nouveau pays.

Une diaspora nous permet non seulement de parler notre langue d’origine et de continuer nos traditions sans nous sentir seuls dans le nouveau pays, mais aussi de faire des déplacements non-physiques. En nous promenant dans les rues de Chinatown à Toronto, nous nous demandons parfois si nous ne sommes pas à Shanghai. Les affiches sont souvent en lettres chinoises, les vendeurs nous parlent en chinois et ils nous offrent des produits chinois. Bref, il est possible de se sentir en Chine. Même pour les gens qui sont partis de leur lieu d’origine avec enthousiasme, il est parfois nécessaire d’avoir le contact avec le pays d’origine, avec ses compatriotes.

Ainsi l’idée de « chez-soi » originel est le fil qui relie les membres d’une diaspora. Néanmoins, un vrai retour à la patrie est souvent très difficile, et même impossible. Ayant vécu à l’étranger quelques années, voire décennies, nous nous habituons à cette nouvelle vie, à des aspects qui n’étaient pas présents dans notre ancienne vie. Essayer de vivre la vie d’avant la migration serait difficile. Les attentes sont immenses, mais la nouvelle vie n’est plus ce qu’elle était. Un retour de la diaspora à la patrie ne serait donc pas un pas en arrière, mais un pas en avant, vers une deuxième nouvelle vie. Une vie où nous sommes de nouveau les expatriés.