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L’Accès à la formation et les femmes au Nouveau-Brunswick

Joan McFarland, Université St-Thomas

Cela fait longtemps que l’on dit que les femmes font face à plus d’obstacles que les hommes dans le domaine de la formation, et par là, qu’elles ont été sous-représentées dans les programmes de formation.  Des données récentes sur ce décalage entre hommes et femmes au Nouveau-Brunswick confirment cette idée, du moins pour ce qui est de cette province.  En se penchant sur la question de disponibilité de parrainage comme obstacle à la formation, cette étude tentera de faire une analyse du décalage hommes femmes dans les programmes parrainés dans les années 1970, 1980 et 1990 au Nouveau-Brunswick.  Notre étude se penchera également sur la question d’admissibilité des femmes à ces programmes.

Les programmes d’apprentissage et d’achat en bloc de places de stagiaires forment, depuis longtemps, la base de la formation fédérale. Dans les programmes d’apprentissage, qui ont commencé pendant la Seconde Guerre mondiale, les femmes ont toujours été nettement sous-représentées.  Au Nouveau Brunswick, entre 1985 et 1997, le nombre moyen de femmes dans le programme était de 48, c’est-à-dire 2,3% des personnes inscrites.  Dans les programmes d’achat en bloc de places de stagiaires, les femmes représentaient 43% des participants pour l’année 1992-93, année pour laquelle j’ai pu obtenir des données.  Ceci s’élevait à 6 782 femmes sur un total de 15 753 personnes participant dans ces programmes au Nouveau-Brunswick cette année-là.  Ces chiffres, cependant, ne nous disent rien sur le type de formation offerte ou sur la durée de celle-ci.

Pendant les années 1980, la Planification de l’emploi et, plus tard, la Stratégie de mise en valeur de la main d’œuvre ont été introduites.  Celles-ci offraient une formation ciblée, à court terme qui comprenait un volet de formation sur le terrain.  Grâce à la Planification de l’emploi, quelques 9 758 femmes (38,9% du total) ont bénéficié d’un programme de formation en un an.  Ceci comprenait un programme de réintégration et un programme réservé aux femmes qui ciblait celles qui avaient été absentes du marché du travail depuis au moins trois ans.  En fin de compte, les programmes de réintégration ont touché un très petit nombre de femmes.  Les données pour 1986-87 montrent qu’il n’y avait que 341 femmes du Nouveau-Brunswick inscrites cette année-là.  Avec la Stratégie de mise en valeur de la main d’œuvre, introduite en 1989, les programmes de Planification de l’emploi ont été modifiés.  Les programmes de réintégration ont continué sous la rubrique “ Financement basé sur les projets ”.  Cependant, on a laissé tomber les programmes de formation réservés aux femmes pour introduire une approche intégrée à la formation, ce qui a alarmé les observateurs et les organismes qui s’intéressaient à la formation des femmes.

Entre 1992 et 1998, on a introduit le co-projet NB Works, financé par les gouvernements provincial et fédéral.  Ce projet ciblait tout particulièrement les bénéficiaires du bien-être social qui avait moins d’une douzième année scolaire.  Pendant cette période, c’est-à-dire de 1992 à 1998, ce programme de trois ans a offert des programmes de formation sur le terrain, des cours de mise à niveau scolaire, des possibilités de placement (formation et travail) pour les trois cohortes qui comprenaient jusqu’à 1 000 participants chacune.  Ce programme n’était pas réservé aux femmes mais il était certainement dominé par celles-ci car elles représentaient 84% des participants.

La politique d’achat en bloc de places de stagiaires s’est terminée abruptement avec l’arrivée de la Loi sur l’assurance-chômage en 1996. Son remplaçant, le programme de Prêts et subventions de perfectionnement (PSP), a été conçu comme un programme de prêts et subventions qui rendraient les individus responsables, du moins en partie, du financement de leur formation.  Seuls les bénéficiaires d’assurance-chômage actuels et récents sont admissibles aux PSP.

Le programme PSP, administré par la province, est entré en vigueur au mois d’octobre 1997. Cependant, le programme a des anomalies. Ce qui a été conçu essentiellement comme un programme de prêts est, pour l’instant, purement un programme de subventions.  Ceci s’explique par le fait que la province n’a pas été capable de trouver un établissement financier qui accepte de soutenir la portion des prêts du programme.  Le résultat : une aubaine pour les personnes qui répondent aux critères d’admissibilité.

Nos données basées sur ce décalage hommes femmes montrent, qu’à date, les hommes du Nouveau-Brunswick ont bénéficié beaucoup plus de cette aubaine que les femmes.  Nous estimons que seulement 1 628 femmes par année ont reçu des PSP, ce qui veut dire 35,8% des bénéficiaires.  Dans des situations plus particulières, telles que les prêts donnés pour suivre des cours à l’Institut de Technologie de l’Information très recherché à Moncton, les femmes représentent seulement 24,7% des bénéficiaires.

En conclusion, la représentation des femmes dans la formation parrainée au Nouveau-Brunswick dans les trois dernières décennies (programmes d’apprentissage, programmes d’achat en bloc de places de stagiaires, programmes de Planification de l’Emploi) est au mieux irrégulière.  Et là où on a ciblé les femmes comme participantes, le nombre de femmes qui ont reçu de la formation s’est montré petit.  Récemment, on a commencé à cibler de plus en plus étroitement les bénéficiaires de bien-être social et, ce faisant, éliminé d’autres groupes de femmes. Avec le retrait plus ou moins complet des programmes de parrainage, mis à part la situation anormale actuelle mais sans doute à court terme des PSP, les possibilités futures de formation parrainée pour les femmes au Nouveau-Brunswick se présentent plutôt mal.