Rédactrice : Carli Gardner

Chaque année, une célébration des diverses réalisations en matière de recherche à Glendon a lieu lors du Festival de la recherche organisé par le Bureau de la recherche et de l’innovation. Le Festival de la recherche 2021 était un événement virtuel d’une semaine présentant les projets de recherche du corps professoral et de la population étudiante dans les 26 disciplines enseignées à Glendon.

Parmi les nombreux événements du Festival de la recherche de cette année figurait le lancement du nouvel ouvrage de Shirin Shahrokni, professeure agrégée du Département de sociologie de Glendon. Mme Shahrokni a publié l’hiver dernier son livre Higher Education and Social Mobility in France aux éditions Routledge.

Professeure et chercheuse, Mme Shahrokni

Son étude porte sur les trajectoires et les expériences de mobilité sociale des descendants et descendantes d’immigrants postcoloniaux en France, et, à travers l’analyse de ces parcours, sur les obstacles structurels qui existent et qui persistent dans le système scolaire français, tout particulièrement dans les « grandes écoles ». Shirin Shahrokni a fait une analyse qualitative à partir d’entretiens sur des histoires de vie pour combler une lacune cruciale dans les données sur les immigrants de deuxième génération à mobilité sociale ascendante en voie de s’établir dans la classe moyenne française.

Selon le ministère de l’Éducation nationale en France, une « grande école » se définit comme étant « un établissement d’enseignement supérieur qui recrute ses élèves par concours et assure des formations de haut niveau ». L’École normale supérieure, une grande école connue sous le nom d’ENS, a été fondée en 1794 pour former principalement des chercheurs et des professeurs. Elle dispose de départements de recherche dans tous les domaines (sciences naturelles, sciences humaines et sociales).   

Les données quantitatives ne sont pas les seules informations qui influencent la perception française des étudiants et étudiantes et leurs parcours vers une mobilité sociale ascendante. Shirin Shahrokni tient également compte dans ses recherches des nuances et des complexités inhérentes aux expériences subjectives et multidimensionnelles des individus.

Comme le révèlent les entretiens qu’elle a menés, la légitimité de la présence de ces individus au sein de leurs institutions d’élite et leurs compétences académiques sont parfois remises en question en salle de classe. Ses répondantes et répondants ont également soulevé l’accès inégal aux ressources et à l’information concernant les grandes écoles, dans leurs trajectoires de préadmission. Enfin, malgré le fait de faire partie d’une élite, beaucoup ont fait part de leurs incertitudes quant à acquérir un statut professionnel à la hauteur de leurs compétences.

Le livre de Mme Shahrokni, publié en décembre 2020

Ses recherches approfondies sur la mobilité sociale et la race exposée dans l’ouvrage Higher Education mettent en évidence la trajectoire du racisme au sein d’espaces élitistes, montrant sous un nouveau jour un point qui n’a pas été abordé jusqu’à présent en raison du déni officiel de l’existence de structures racistes dans la société française. Ses recherches examinent également les multiples stratégies individuelles et collectives, informelles et formalisées, que ses répondantes et répondants déploient pour y répondre.

En examinant les politiques et pratiques françaises qui permettent aux enfants d’immigrants de réussir dans le système éducatif et sur le marché du travail, Shirin Shahrokni révèle « que le passé colonial de la France se rejoue dans la société française contemporaine ». 

La recherche de Mme Shahrokni met également en évidence le rôle important joué par les familles de classes populaires et d’immigrants dans la réussite scolaire de leurs enfants. Ce rôle demeure peu documenté par la recherche en sociologie de l’immigration, particulièrement en France. La professeure Shahrokni examine, en particulier, un ensemble de ressources morales et affectives comme le rôle des histoires migratoires transmises par les aînés, ou encore le déploiement de stratégies éducatives au sein de la fratrie, dans les trajectoires de réussite scolaire des personnes interrogées. Ainsi, pour un grand nombre de personnes interviewées, cette réussite est autant collective qu’individuelle.

Les efforts déployés par Mme Shahrokni pour remettre en question ces structures sociales se poursuivent également en salle de classe. Shirin Shahrokni adopte des approches intersectionnelles et antiracistes dans le cadre de son enseignement, ce qui permet à ses étudiants et étudiantes de discuter des liens entre le matériel didactique et leurs propres expériences.

La professeure Shahrokni consacre également sa pratique d’enseignement à « dénoncer la prédominance des penseurs eurocentriques dans le domaine de la sociologie en intégrant activement des travaux et des perspectives sociologiques diversifiées dans son plan de cours ».

Le campus Glendon est fier de saluer les importantes recherches menées par Shirin Shahrokni dans sa nouvelle publication intitulée Higher Education and Social Mobility in France. Le Bureau de la recherche et de l’innovation est impatient d’accueillir le Festival de la recherche de l’année prochaine pour présenter les nouvelles réalisations de recherche de la population étudiante et du corps professoral de Glendon.

Pour en savoir plus sur les événements du Festival de la recherche 2021, y compris sur le lancement du livre de la professeure Shahrokni, cliquez ici.