Le Réseau de recherche en 
formation et travail 
The Labour Education and

Training Research Network

Les universités, les arts libéraux et le marché du travail:
tendances et perspectives

Paul Anisef, Université York
Paul Axelrod, Université York
Zeng Lin, Université Lakehead

Ces dernières années, la mondialisation, la privatisation, la réduction du déficit et les prétendus besoins d’une économie de marché experte ont poussé les gouvernements à repenser leur façon d’aborder l’enseignement supérieur.  Côté financement, ce sont les domaines d’études axés sur les besoins du marché ou sur la technologie avancée qui sont maintenant privilégiés.  Les étudiants, eux aussi, s’intéressent de plus en plus à ces domaines.  De telles politiques et choix sont basés sur la croyance qu’une éducation libérale – en lettres, sciences humaines, Beaux-Arts – présente peu de valeur d’investissement pour l’individu et la société.

Notre communication remet en question ces suppositions et les pratiques pédagogiques qui en découlent.  Dans l’ensemble, les diplômés d’arts libéraux se débrouillent bien dans le monde du travail. Dans la mesure où ceux-ci et d’autres diplômés universitaires ont dû faire face au sous-emploi, et on ne peut nier cette réalité, le problème ne sera pas résolu en marginalisant l’éducation libérale du curriculum universitaire dans le but de favoriser des domaines plus « appliqués ».  Nous proposons que les universités ne sont ni plus ni moins capables d’anticiper les besoins du marché que le gouvernement ou les entreprises.  De plus, nous prétendons qu’une éducation libérale représente l’essentiel des études supérieures, que la conjoncture économique soit bonne ou mauvaise.  L’université, dans ses efforts de préparation au travail, ne doit pas être permise d’abattre sa base culturelle et intellectuelle.  De toute façon, les arts libéraux sont loin d’être statiques ; ils continuent à subir des réformes mais celles-ci ne sont pas en réponse à des tendances de marché éphémères mais plutôt en réponse à des bases de mérite intellectuel.  Et, comme les employeurs ont eux-mêmes périodiquement affirmé, c’est en élargissant la base des connaissances des employés qu’une éducation libérale peut mettre en valeur les compétences des diplômés dans des domaines appliqués et professionnels.

Historiquement, une minorité privilégié avait accès aux études supérieures et aux arts libéraux et l’antipathie que ce genre d’études suscite vient sans doute de cette tradition d’élitisme.  Maintenant, les études supérieures sont plus accessibles que jamais : aux femmes, aux groupes minoritaires et aux personnes aux moyens modestes.  Ces individus ont le droit de profiter des récompenses intellectuelles et matérielles qu’une formation universitaire peut leur offrir.  Reste à voir si le phénomène de « privatisation » du financement des universités et les grandes dettes personnelles que cela implique amoindriront les gains d’accessibilité des deux dernières décennies.