Le Réseau de recherche en 
formation et travail 
The Labour Education and

Training Research Network

Les stratégies syndicales et l’éducation / la formation professionnelle:
le recollage des morceaux du système australien

Peter Ewer
de la Union Research Centre on Organisation and Technology, Australie

Le système d’éducation et de formation professionnelle australien (VET) a subi des réformes pendant les dix dernières années.  Les buts fixés par le VET au départ étaient prodigieux : un système économique avec une main-d’œuvre très qualifiée et des salaires élevés, et un système de formation accessible à tous et à toutes.

Peu de ces buts ont été réalisés.  Le nombre d’apprentis a chuté de 18,9% entre 1989 et 1997.  Malgré le fait que cette chute a été plus ou moins compensée par une croissance d’emploi-formation dans le secteur public, la formation structurée dans cette partie de l’économie demeure l’exception plutôt que la règle.  De plus, les statistiques officielles suggèrent que même si les dépenses en formation ont augmenté de façon marginale par rapport au pourcentage des salaires bruts entre 1989 et 1996, la moyenne d’heures de formation disponibles a, en réalité, diminué.

La formation disponible est nettement définie selon des critères de classe et de sexe.  En 1996, presque 44% des gérants et 51% des professionnels ont bénéficié de formation en entreprise, comparé à 27% des employés du secteur tertiaire, 26,4% des opérateurs sur machines et 16,9% des ouvriers.  La dépense moyenne par employé était plus du double dans les organismes dont 75% ou plus des employés étaient des hommes, comparé aux organismes dont 75% des employés étaient des femmes.

Étant donné les efforts faits par les gouvernements, syndicats et associations de travailleurs pour moderniser les récompenses industrielles dans le but d’encourager la formation, comment cet investissement a-t-il pu produire un rendement si faible ?

Les données dont nous disposons suggèrent que c’est en fait la détérioration de l’effort du secteur public en matière de formation qui a produit ces résultats médiocres dans les sept années qui ont précédé 1996.  Le secteur public ainsi que l’immigration ont été des sources importantes de main d’œuvre qualifiée pour l’économie australienne  dans l’industrie lourde (rôle joué par les chemins de fer publics et les commissions de l’électricité) et dans les emplois cols blancs des services publics.

Le rôle de « couveuse de compétences » joué par le secteur public est reflété dans le nombre élevé de mises en apprentissage au delà des besoins des organismes publics et dans la provision de formation payée aux employés du gouvernement fédéral et des états. La privatisation des entreprises commerciales de l’État et le dégraissage des agences centrales ont, ensemble, amoindri l’effort global du pays en matière de formation.

Le système australien VET s’est traditionnellement vu défini selon un système d’apprentissage dominé par les hommes et, dans ce contexte, les syndicats de métier ont construit des associations de travailleurs militantes.  La réforme de ce système s’est faite non seulement dans l’intérêt de l’équité mais aussi parce que la communauté d’affaires australienne voyait l’identité généré par l’apprentissage et encouragé par les syndicats de métier comme une menace à la nouvelle culture du travail dans une économie de plus en plus mondialisée.  Une des conséquences de cette réforme a été de compromettre le bastion du mouvement syndical australien dans l’industrie lourde (y compris les services publics), avec des gains très incertains dans la reconnaissance et la prestation de la formation dans le secteur tertiaire, où la majorité des femmes de la population active sont employées.