Le Réseau de recherche en 
formation et travail 
The Labour Education and

Training Research Network

L’économie politique de la formation au Canada

Stephen McBride
Département de sciences politiques, Université Simon Fraser

Cet article décrit la montée des efforts canadiens dans la création d’une politique active de main-d’œuvre qui pourrait soutenir des niveaux élevés et stables d’emploi, et la chute subséquente de tels efforts.

Malgré le chaos apparent de la politique canadienne de main d’œuvre et la salade de programmes de formation créés au cours des années, la politique canadienne en matière de formation est considérée comme bien informée et structurée.  Les tendances observées avec cette politique sont liées au paradigme économique qui influence la politique macro-économique à un moment donné (en ce moment il s’agit du néolibéralisme, antérieurement il s’agissait du Keynésianisme).  Ce paradigme est lui-même associé à des préférences institutionnelles concernant la division fédérale provinciale des pouvoirs (centralisation des pouvoirs sous le Keynésianisme, décentralisation sous le néolibéralisme)  De plus, les tendances observées de ces politiques sont en partie le résultat d’une approche théorique principale que l’on trouve dans le domaine même de la politique de main d’œuvre (présentement ce qu’on appelle la théorie du capital humain).

Sous le paradigme néo-libéral actuel, la dérégulation du marché du travail est associée à la dévolution de la responsabilité aux provinces et à la privatisation et à l’individualisation de la responsabilité en matière de formation.  La théorie du capital humain, surtout telle qu’elle est comprise par les politiciens néo-libéraux et les analystes de politique, renforce ces développements parce qu’elle considère que les gains d’investissements en ressources humaines (à travers les programmes d’éducation et de formation) reviennent en grande partie à l’individu plutôt qu’à la société en général.  Par conséquent, la responsabilité qui surgit lorsque de tels investissements sont faits, et les coûts encourus pour ceux-ci, devient aussi une question privée. Le remplacement des revenus pour les personnes en apprentissage (prestations sociales, apport social) par des subventions et prêts aux individus (intérêt personnel, responsabilité individuelle) sous les réformes du régime d’assurance-chômage nous donne un exemple de cette perspective en pratique.

Nous proposons d’évaluer le résultat de ces initiatives et de noter leur rapport à des taux de chômage élevés, à une croissance d’emplois contingents, à des insécurités sur le marché du travail et à une insécurité sociale croissante.
Bien que les questions de formation et de politique de main d’œuvre soient souvent abordées de façon pragmatique, “Qu’est-ce qui marche ? ”, l’implication de cet article est que les travaillistes, et les autres qui sont concernés par l’accès à l’éducation et à la formation, devraient prêter une attention toute particulière aux constructions théoriques liées à ces domaines.  La logique des théories courantes actuelles est antithétique à l’opinion que les travaillistes ont traditionnellement eue au sujet de l’éducation et de la formation : que ces activités ont des avantages non-économiques importants et que les avantages économiques qui existent reviennent à la société aussi bien qu’aux individus.  Puisque la société bénéficie, une présence publique peut jouer un rôle important.