Le Réseau de recherche en 
formation et travail 
The Labour Education and

Training Research Network

Le capital humain, le programme de compétitivité et la politique sur la formation en Australie

Stephen McBride, de l’Université Simon Fraser

À la différence du Canada, où le gouvernement fédéral a cédé aux provinces ses pouvoirs en matière de formation au cours de la dernière décennie et demie, le gouvernement fédéral de l’Australie a institué un système national exhaustif de formation professionnelle. Au Canada, la cession aux provinces et le morcellement de ce qui était déjà un système de formation pas tout à fait national ont accru la commercialisation de la formation. En Australie, la commercialisation est passée par l’instauration d’un système de formation national.

La réforme de la formation en Australie s’est déroulée sous l’influence des considérations qui suivent :

On a supposé qu’il fallait, pour améliorer la quantité et la qualité de la formation, régler le problème d’offre en assujettissant la formation aux besoins des clients, de l’industrie ou des usagers. Autrement dit, on a jugé qu’il était possible de régler le problème en créant un marché de la formation axé sur le choix de l’usager.

Le rapport traite des preuves aux sujets suivants :

Signalant que la preuve, bien qu’elle soit préliminaire, est souvent décevante au chapitre des promoteurs de la réforme, le rapport conclut que les bases théoriques de la réforme de la formation sont peut-être erronées quant aux causes du piètre rendement de la formation.

L’hypothèse tacite sur laquelle repose le programme australien de réforme de la formation est que c’est au système de formation lui-même qu’étaient attribuables les lacunes de la formation. Il en découlait que la réforme du système de formation devait accroître la formation et donner lieu à une formation plus spécialisée. La réforme a consisté essentiellement à commercialiser le système par la déréglementation et la privatisation pour qu’il réponde mieux aux besoins de l’industrie. Jusqu’à présent, il n’y a guère de preuves empiriques selon lesquelles c’est ce qui se passe.

Il se peut que les lacunes de la formation tiennent plutôt à des facteurs ayant trait à la structure du monde des affaires australien, et particulièrement au fait qu’il est dominé par les petites entreprises.

En dépit des différences entre la formation au Canada et en Australie, et notamment du fait qu’elle est décentralisée au Canada et centralisée en Australie, la collectivité canadienne de la politique sur la formation peut tirer des leçons de l’expérience australienne. Rien ne porte à croire que la commercialisation de la formation accroît ou améliore celle-ci. Qui plus est, les causes des lacunes quantitatives et qualitatives de la formation peuvent se trouver à l’extérieur du système de formation, dans la structure et la culture des entreprises privées. Et si elles s’y trouvent effectivement, il faut, pour les combler, changer cette structure et cette culture par des initiatives publiques et la réglementation. En outre, si utile soit-il aux fins de la réduction par les entreprises de la protection négociée des emplois, l’industrie australienne ne semble pas bien comprendre le langage des compétences, et sa supériorité pédagogique n’est, à tout le moins, pas prouvée. Cela peut être encourageant pour les membres de la collectivité canadienne de la formation qui jugent qu’il vaut la peine de lutter pour établir un système à financement public de formation à prestation publique.