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Les conséquences de l'érosion des effectifs d'apprentissage :

une analyse de l'Enquête nationale sur les métiers d'apprentissage de 1994

 

Robert Sweet et Zeng Lin

Pour que l'apprentissage soit une option de carrière attirant les jeunes adultes, il faut qu'il ait été prouvé que l'investissement dans l'apprentissage rapporte. Les récentes statistiques sur les taux d'abandon en cours d'apprentissage portent à croire qu'il y a lieu d'examiner de plus près les conséquences de l'érosion des effectifs d'apprentissage.

Selon notre analyse des données issues de l'Enquête nationale sur les métiers d'apprentissage (ENMA), les personnes qui ont terminé leur formation en apprentissage en tirent des avantages appréciables. Et cette règle s'applique généralement dans toutes les régions et les catégories d'emplois. Les personnes ayant terminé leur apprentissage gagnaient plus que celles qui ne l'avaient pas terminé et avaient tendance à travailler plus longtemps. Les indicateurs de satisfaction à l'égard de l'emploi présentent un tableau un peu différent : ceux qui avaient terminé leur apprentissage étaient généralement plus satisfaits que les autres mais la différence était beaucoup moins marquée.

L'économie varie grandement entre les quatre régions définies dans l'étude. Les disparités économiques pourraient influencer considérablement les avantages des personnes terminant leur apprentissage. Cependant, dans toutes les régions, les revenus des personnes ayant terminé leur apprentissage sont nettement plus élevés que ceux des personnes ne l'ayant pas terminé. Les piètres conditions économiques semblent accroître le désavantage de ne pas posséder son certificat de qualification.

La situation d'emploi varie selon la région. L'Ontario offre un emploi à longueur d'année à une proportion plus élevée de personnes ayant terminé leur apprentissage (70,6%) que toute autre province. Viennent ensuite les provinces de l'Ouest (65,8%), les provinces de l'Atlantique (57,2%) et le Québec (39,5%). Le taux des personnes n'ayant pas terminé leur apprentissage qui travaillent moins de 26 semaines par année est de 40,7% au Québec, 33,0% dans les provinces de l'Atlantique, 26,9% en Ontario et 22,7% dans l'Ouest.

Dans toutes les régions, les personnes ayant terminé leur apprentissage avaient des taux d'emploi (attachement) dans le métier plus élevés que les personnes qui ne l'avaient pas terminé. Celles-ci avaient des taux d'emploi plus bas dans les emplois les plus stables et des taux plus élevés dans les emplois moins stables, quelle que soit la région. Cela témoigne peut-être du fait que les régions ont des réglementations de la qualification qui se ressemblent, du moins dans les métiers les plus stables.

La satisfaction à l'égard de l'emploi variait selon le métier dans les deux groupes. Les personnes n'ayant pas terminé leur apprentissage ont néanmoins exprimé moins de satisfaction que les autres. Les indicateurs de satisfaction ont présenté des disparités régionales. Les personnes n'ayant pas terminé leur apprentissage avaient des degrés de satisfaction se répartissant comme ceux des personnes ayant terminé leur apprentissage mais se situant globalement à un niveau plus bas. Il n'y avait pas de disparité régionale appréciable dans leur satisfaction à l'égard de la responsabilité professionnelle. Toutefois, les personnes travaillant en Ontario trouvaient qu'elles avaient beaucoup plus de sécurité d'emploi que celles qui travaillaient au Québec.

Pour ce qui est des revenus, nous avons constaté que les personnes qui avaient terminé leur apprentissage gagnaient généralement plus que celles qui ne l'avaient pas terminé. Toutefois, les revenus variaient considérablement, tant à l'intérieur des métiers qu'entre eux.

Quant à la situation d'emploi, nous avons trouvé que la proportion des personnes travaillant à longueur d'année était plus élevée dans tous les métiers chez les personnes ayant terminé leur apprentissage. Il y avait néanmoins des variations selon le métier. Dans les deux groupes, la tendance de l'attachement ressemblait beaucoup à la tendance d'emploi, quel que soit le métier.

Les résultats sur le marché du travail des personnes ayant terminé leur apprentissage diffèrent de ceux des personnes qui ne l'ont pas terminé. Les avantages que présente le fait de terminer un apprentissage indiquent le besoin d'étudier de façon plus poussée les motifs de décision de terminer ou d'abandonner l'apprentissage. Il importe de déterminer les principaux facteurs d'abandon pour pouvoir établir des politiques efficaces d'accès et de transition. Cela nécessite l'élargissement de l'analyse pour qu'elle englobe les différentes phases du processus d'apprentissage : admission, formation, et intégration au marché du travail (avec ou sans le statut de compagnon).